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Page:Variétés Tome II.djvu/82

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estoit assisté en son malheur comme de ses amis et alliez, ayant promis une sienne niepce en mariage, avec cent cinquante mil ducats au sieur marquis de Sainct-Arme, dont les nopces se devoient solemniser à Pasques, et que de ceste somme de dix mil ducats il vouloit achetter des diamants, perles et chesnes d’or, pour faire des presens à quelques princes et seigneurs qui pouvoient pacifier son affaire et le remettre en son evesché.

L’evesque de Concordia pleint sa fortune, luy promet toute faveur et assistance, et particulierement de luy aider d’un sien amy et confident, nommé Antonio Bartoloni, marchand banquier, demeurant à Venise, souz le nom et par le moyen duquel il pouvoit facilement se faire faire à Venise la remise des dix mil ducats qu’il avoit à Naples entre les mains du marquis de Sainct-Arme, sans qu’il fust besoin qu’il s’y employast et s’en entremist.

Fava remercia l’evesque de Concordia de la courtoisie de ses offres, et, les acceptant, luy dit qu’il en escriroit promptement au marquis de Sainct-Arme, afin que, suivant cet ordre, il luy fist tenir ses dix mil ducats ; prend congé de l’evesque de Concordia, qui le voulut honorer et conduire jusques à la porte de la maison ; mais Fava le pria de ne point passer outre, de creinte que ceste ceremonie ne le fist recognoistre pour tel qu’il estoit. Un des anciens et honorables serviteurs de l’evesque de Concordia, nommé dom Martine, arrivant sur ce depart, soit qu’il le dît comme il le pensoit, ou qu’il eût ouï parler Fava, et qu’il fût bien aise d’en conter à son maistre, dit à l’evesque de Concordia qu’il avoit veu cet