Page:Variétés Tome II.djvu/96

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ny payement de la provision qui luy estoit offerte et legitimement deüe.

Avant que de partir de Venise, Fava voulut avoir de quoy faire les fraiz de son voyage. Il y avoit trois ou quatre jours qu’il avoit remarqué qu’au cabinet où il couchoit, Bertoloni tenoit de l’argent en un coffre. Il crocheta la serrure, ouvrit le cofre, prit dedans quatre cens escus en or, et puis le referma de sorte qu’on ne pouvoit recognoistre qu’il eust esté ouvert.

Ainsi, Fava, suivi de son beau-frère Giovan Pietro Oliva, et accompagné de Bertoloni, part de Venise pour retourner à Padouë vers l’evesque de Concordia. Fava depuis a dit qu’il pria Bertoloni de l’assister encore à ce voyage et au remerciement qu’il vouloit faire à l’evesque de Concordia, et Bertoloni, au contraire, qu’il n’en fut point prié, mais que, voyant que l’affaire estoit d’importance et qu’il ne cognoissoit l’homme que par une lettre de creance, il ne désira point le laisser qu’il n’eust parlé à l’evesque de Concordia. Quoy qu’il en soit, ils partirent de Venise et furent ensemble à Padouë au logis de l’evesque de Concordia.

En ce voyage, Fava, considerant les belles maisons des gentilshommes venitiens qui sont situées sur l’une et l’autre rive de la rivière de Brenta, remarquoit les graces et les deffauts de leurs edifices, et discouroit comme architecte de toutes les singularitez de chacun bastiment. C’estoit au mois d’aoust, que la chaleur est extreme en Italie : Fava, voyant que Bertoloni estoit un peu incommodé de son manteau, qui estoit de damas doublé de taffetas (et qui