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Page:Variétés Tome IV.djvu/11

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une femme, elle en prendra dix ; c’est ce que conseilloit un ancien poète :

—.Ne souffre jamais pour rien
De ta femme un pied sur le tien :
—.Car après la pauvre beste
Le voudra mestre sur ta teste.

Et toutefois en ce discours je ne desire pas faire une reigle generale : car, comme en toutes autres, il y peut avoir quelque default.

Si vous la prenez pauvre, avec la pauvreté16
Vous espousez ainsy17 mainte incommodité,
La charge des enfants, la peine et l’infortune.
Le mespris d’un chacun vous fait baisser les yeux ;
Le soin rend vos esprits chagrins et soucieux.
Avec la pauvreté toute chose importune.

La pauvreté est mère de beaucoup de travaux, de soupçons, de meffiance ; c’est d’elle d’où ce vieux proverbe a prins son estre et origine, quy dit : necessité contraint la loy ; encore que pauvreté ne soit pas vice18, mais une espèce de ladrerie, que plusieurs fuyent comme la peste.



Jehan de Meung avoit dit dans le Roman de la Rose :

C’est chose qui moult me desplaist
Quand poule parle et coq se taist.

16. Stance 17e de Des Portes.

17. Var. : aussi.

18. Ce n’est ainsi qu’un proverbe tronqué ; pour qu’il soit complet, il faut dire comme on le faisoit au moyen âge : Pauvreté n’est pas vice, mais c’est une sorte de ladrerie : chacun la fuit. Ce qui revient à la variante si énergique de Dufresny : Pauvreté n’est pas vice ; c’est bien pis.