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Page:Variétés Tome V.djvu/124

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parties de leur corps ; et à ceux qui n’ont le moyen, de garder la maison, la boutique, et n’aller aux assemblées et bals ; ensemble aux dames a permis et permet de manger la matinée le petit œuf frais sortant du cul de la poule (si tant est qu’elles en treuvent) pour entretenir leur enbonpoint ; et en cas qu’elles n’en treuvent, leur donne licence, ladite Cour, feindre des mal d’estomach et dire qu’elles sont malades ; pour jouyr, ce faisant, des priviléges de la maladie ; et où leur petit adjutorium de beauté coulast de leur visage, pouvoir saluer et parler avec tous ceux qui les accosteront sans tirer le masque21, ou se venir à l’obscur dans quelque chambre, et jamais ne se laisser voir en autre posture ; n’entendant en ceste deffense, ladite cour, avoir compris les pauvres artisans et les gens ausquels, suyvant le chapitre necessitas et de mortua charitate, permet de se pourvoir comme ils pourront, et manger quant ils en auront et de ce qu’ils trouveront, et ce à la charge qu’ils diront le tout à leurs confesseurs à Pasques, et que, si quelqu’un voit leur marmite bouillir, ils diront et soustiendront que c’est poutage d’huille ou de beure, ou fait de legumes ; et a debouté et deboute ladite cour le fermier de la boucherie de ses oppositions, mettant toutes les parties, au reste, hors de cour et de procez respectivement sans despens ; et, civilisant l’action en excès pretendue par ledit Caresme contre ledit Mardy-Gras, auquel a permis et permet pouvoir disposer pendant ledit temps qu’il


21. Sur cet usage des masques que les femmes portoient alors partout, v. notre tom. 1, page 307.