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Page:Variétés Tome V.djvu/134

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Dont je veux faire anatomie
Pour en oster le souvenir,
De crainte que par une peste
Il ne conduise tout le reste

Des mortels au dernier respir.

S’il y avoit quelque esperance
Qu’il peust prendre convalescence,
Esculape, je te prierois
Le traitter ; mais plustot ton ame
Hipolite pour sa Diane
Feroit vivre encore une fois :

Car desjà un infect ozène2
Y a fait naistre une gangrène
Qui le prive de cet espoir,
Et puis son odeur ne demande
Que joindre son corps à la bande
Qui habite au triste manoir.

Il est encor bien raisonnable
Que de ce nez abominable,
Desjà cogneu de tous les dieux,
Qui le nient pour leur ouvrage,
L’horreur, et l’effroy, et la rage,
Paroissent pour l’eviter mieux.

Ce membre donc contre nature,
Puis qu’il fait une telle injure
Au plus beau corps de l’univers,
Il faut l’accommoder en sorte
Que l’on dise : La peste est morte
Par la mort de ce nez pervers.

Encor n’aura-t-il ceste peine


2. Ulcère du nez putride et fétide. (Dict. de Furetière.)