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Page:Variétés Tome V.djvu/190

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Attacque les fripiers, vendeurs de vieux habits,
Comme on cognoistera par ceste mienne histoire

De deux fripiers remplis de superbe et de gloire.

Un honneste marchand, pour la rejouissance
Qu’il eut d’avoir d’un filz la seulette naissance,
Fit prier de souper deux maistres teinturiers,
Et, de ce mesme pas, deux maistres couturiers.
Sa femme, de sa part, prie deux frelampiers3,
Qui se disoient tous deux estre marchands fripiers.
Ceux-cy donc, fort joyeux d’avoir telle lipée,
Pour n’avoir dans le vin la lèvre detrempée
Le long du jour, s’en vont tous deux, se depeschant,
Pressez de faim et soif, au logis du marchand.
Cestuy, les saluant : Vous arrivez bien tost !
C’est mon4, ce disent-ils, c’est pour soigner au rost.

Entrez qu’ils sont dedans pour faire les valets,
L’un prend la palette5, et l’autre les molets6


3. Pauvres diables, misérables, comme les frères qui sont chargés de préparer les lampes dans les couvents. Telle est du moins l’origine que Fleury de Bellingen donne à ce mot dans son livre de l’Etymologie des proverbes françois. Borel veut que frelampier se soit pris pour charlatan ; enfin, selon d’autres, il viendroit du mot frelampe, par lequel le peuple désignoit une petite monnoie de billon valant 12 ou 15 deniers.

4. Interjection affirmative très commune alors chez le peuple. Nous l’avons déjà rencontrée. On disoit aussi ce mon, ça mon. Molière l’a employée sous cette dernière forme dans le Bourgeois gentilhomme, act. 3, sc. 3, et dans le Malade imaginaire, act. 1, sc. 2. M. Paulin Paris en a fait l’objet d’une longue note dans son édition de Tallemant des Réaux, t. 4, p. 84.

5. La pelle.

6. Sorte de petites pincettes dont se servent encore les orfèvres.