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Page:Variétés Tome V.djvu/235

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Les laquais les premiers murmurent du taudis ;
La servante à son tour, faisant le diable à quatre,
S’emporte quelquefois jusqu’à me vouloir battre,
Et jure effrontement que ses pauvres chaudrons
Sont perdus sans ressource et brûlez jusqu’au fonds.
Transporté de dépit et perdant patience,
Ma main d’un bon soufflet couvre son arrogance.
Aussitost grand debat, grand bruit, nouveau courroux.
Je l’appaise pourtant et luy fais filer doux
( En effet, on le sçait, il n’est que telle aubaine
Pour rendre douce et souple une femme hautaine).
Comme dans le metier je suis encor nouveau,
Je detrempe ma pâte avec un peu trop d’eau,
De sorte que, la colle etant beaucoup trop claire,
Chacun des compagnons entre en grande colère ;
Les plus malins sur moy font rouler l’entretien
Et me taxent tout net de n’être bon à rien.
Si je veux m’excuser d’avoir mal fait la colle,
Ils me ferment la bouche et m’ôtent la parole,
Crians tous en chorus : C’est la piau ! c’est l’epron !
Car notre illustre corps parle un plaisant jargon9.
Ils donnent à l’argent le nom de colle forte,



9. De tout temps les ouvriers imprimeurs avoient employé entre eux un langage et des signes particuliers, notamment ce qu’ils appeloient le tric, « signal de quitter le travail pour aller boire », dit Saugrain, Code de la librairie, p. 176. Le règlement de 1618, art. 34, le leur avoit interdit : « Sera défendu à tous compagnons imprimeurs et libraires de faire aucunes assemblées, tant en général qu’en particulier, ni de porter aucunes armes offensives de jour ou de nuit, seuls ou en compagnie, et pour quelque cause que ce soit, même de faire aucun tric dans les imprimeries ni ailleurs, etc. »