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Page:Variétés Tome V.djvu/252

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Qui met en appetit et rejouit le cœur ;
Mais ce n’est pas pour vous ce qui est de meilleur.
Ce qui doit à l’aimer vous pousser davantage,
C’est que vous en pouvez tirer grand avantage.
Prenez en donc souvent votre provision,
Que vous partagerez en double portion ;
Et d’abord qu’on aura consommé la première,
Faites sur nouveaux frais ecrire la dernière.
Je vous en dis autant pour l’assaisonnement :
Que l’huile par vos soins profite doublement ;
Sur les moindres degats mettez-vous en colère.
C’est faire sagement que d’être menagère,
Et ce qui tous les jours se perd et se detruit,
S’il etoit conservé, vous produiroit du fruit.
Pour le peu qu’une fille à nos tours soit stilée,
Elle peut faire aussi son compte à la Vallée9.
Dans les jours destinés à de fameux repas,
Faites de bons reliefs10 un profitable amas.
Comme ce sont des jours de desordre et de trouble,
Ne vous endormez point, ferrez la mule au double.
Quand les pois et les fruits sont dans leur nouveauté,
Loin que, par leur haut prix et leur grande cherté,
Pour profiter dessus vous soyez refroidie,
À les compter bien cher soyez-en plus hardie.

Est-ce assez m’expliquer ?



9. L’endroit où se vendoit la volaille s’appeloit ainsi déjà, à cause de la Vallée de misère, quai de la Mégisserie actuel, où se tenoit ce marché. Quand il fut transféré où il est encore, sur le quai des Grands-Augustins, il garda ce nom, bien qu’il n’y eût plus de raison de le lui conserver.

10. Restes de viande. Ce mot se trouve souvent dans La Fontaine avec cette acception.