Aller au contenu

Page:Variétés Tome V.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Harangue de dame Madame Calette.

Chères dames, de quel courage souffrirons nous que nos esclaves, ces petites goujattes d’amour, ces brayettes de suisses, ces quintènes5 de bordel, ces pissepots de nos maris, nous bravent, et qu’à la fin elles nous foullent aux pieds ? Voyez (je vous prie) avec quelle astuce elles ont obtenu deffaut contre nous ! avec combien de charmes, de visages raffinez, elles ont sceu suborner les juges à nostre desavantage ? Il n’y en a aucun à voir qui ne soit pour elles ! C’est faict de nous, si par une sage remonstrance nous ne les supplions et remonstrions que les juges, ayant esté aveuglez, corrompus et gaignez, nous permettent une evocation en quelque autre ressort, où la justice bandant les yeux, et d’une egale balance, pèse les justes droicts de nostre deffence. Donc, mes chères dames, advisez où il sera le plus expedient de revoquer ce procez.

Resolution de Mesdames sur la harangue de
dame Madame Calette
.

La harangue finie, celles qui estoient le plus interessées en ceste cause demandèrent à la compagnie qu’il leur pleust accorder que le lieu où se debvoit resou-


5. On sait que dans les lices la quintaine étoit le poteau contre lequel on s’exerçoit à jeter les dards ou à rompre la lance.