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Page:Variétés Tome V.djvu/43

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darts que vous voyez là presents. — Par les eaux stygiennes, repondit Apollon, vous êtes bien les plus impudents et les plus indiscrets coquins quy ayent jamais paru devant mes yeux. Je suis si bercé d’entendre tous les jours de semblables plaintes, qu’au bout du compte je croy que je seray forcé d’abandonner ce lieu malheureux. Si un meschant laquiet de trois sols a perdu l’argent de son disné à jouer avec son camarade, il faut qu’il vienne en tirer raison sur la croupe innocente de cette saincte colline. Un soldat a-t-il reçu un dementy de son camarade, vous le voyez aussy tost venir prophaner mes autels par ses mains homicides, qu’ils trempe souvent dans le sang de celuy qui soupoit le soir avec luy, les meilleurs amis du monde. Si, parmy les tirelaines, coupeurs de bources, etc., et autres gens de tels trafics, il survient entre eux quelque different par le partage du butin, ils n’ont point d’autres rendez-vous que ce beau lieu pour en terminer la querelle. Si les escrocs, filoux et autres maquereaux très relevez, ont le moindre debat du monde pour la jouissance et possession de quelque chetive maitresse quy soit un peu de meilleure mise que celle du commun, c’est en ce lieu qu’il faut vider à la pointe de leurs espées couardes quel en doit estre le libre et paisible possesseur ; et, si quelque polisson ou marcandier2 a cassé malicieusement l’escuelle de son camarade, c’est icy qu’ils ont accoustumé d’en tirer vengeance. Puis que la plus part se vante d’estre gentilhomme


2. D’après le dictionnaire argot-françois mis par Grandval à la suite de son poème sur Cartouche, le Vice puni, les polissons étoient, parmi les argotiers, « ceux qui alloient