Aller au contenu

Page:Variétés Tome V.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous ces divins honneurs que partout on m’a faits,
Ces superflus lambris et mes riches demeures,

Tout cela m’engageoit à ne penser jamais

Deo.

Je n’eus point d’autre but que de ruiner la France ;
À ces desseins pervers mon esprit s’employoit,
Et par là je m’estois acquis tant de puissance
——--Que partout on me comparoit

Omnipotenti.

Je foulois sous mes pieds et la pourpre et l’ivoire,
Chez moy l’or et l’argent s’entassoient à monceaux ;
Je mettois en ces biens mon bonheur et ma gloire,
Et j’aimois ces objets plus que tous les tableaux

Beatæ Mariæ.

——--Bien que je prisse à toutes mains,
——--Jamais mon cœur ne peut rien rendre,
——--Et j’avois de si grands desseins
Que, pour y reussir, partout il falloit prendre

Semper.

——--Sur chacun j’ay fait ma fortune,
J’ay volé le marchand, j’ay volé le bourgeois,
——--Et je me souviens qu’autrefois
——--J’ay ravy l’honneur à plus d’une

Virgini24.

——--Jamais toute la terre humaine
——--N’eut sçeu peser tous mes tresors ;
Elle auroit employé vainement ses efforts.


24. C’est une paraphrase du vers de Boileau fait pour Fouquet :

Jamais surintendant ne trouva de cruelles.