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Page:Variétés Tome VI.djvu/157

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Ny la faveur des grands tant en usage ;
La soye en draps seroit, comme autrefois,
Pour les seigneurs, les princes et les rois ;
Du fier bourgeois la femme riche et belle
Ne se feroit appeller damoiselle19 ;
Dans l’art d’autruy nul ne s’embrouilleroit,
Et sans procès chacun travailleroit ;
Le vieil Bacchus n’useroit tant ses coupes,
Et les jureurs seroient en moindres troupes ;
L’Amour aussi n’auroit entre ses mains
Qu’en tout honneur le pouvoir des humains ;
L’ambition, la vanité, l’audace,
Ayant ainsi à la vertu fait place,
De toutes parts et en toute saison,
Le tout yroit au train de la raison.
Mais, aujourd’huy, ne voyant sur la terre
Qu’ambition, estats, chicane et guerre,
Je voudrais bien te pouvoir obliger
Par mes discours de ne t’en affliger
Et de fuir toute vaine folie
Pour voir souvent ceste forest jolie,
Et, le faisant ce mois et l’autre encor,
Tu jouiras d’un petit siècle d’or.
Fay donc cela ainsi que je l’ordonne,
Ou, mesprisant l’advis que je te donne,
À tout le moins, sans me vouloir tromper,

Fay-moy responce et puis t’en va souper.

Incontinent que ceste Muse aimable
Eut achevé son discours veritable,


19. V., sur ces prétentions des bourgeoises, une pièce de notre t. 1, Le bruit qui court de l’épousée.