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Page:Variétés Tome VII.djvu/130

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sots et d’envieux pensoient bien diminuer de sa gloire en disant : « Voilà bien de quoi ! Quoy ! n’y avoit-il que cela à faire ? qu’à aller là, et puis là ; et de là, là ; et puis encore là, et de là aborder là ? Vrayment, nous en eussions bien fait autant ! » Colomb, pour se moquer d’eux, il est vray qu’il n’y avoit que cela à faire : « Messieurs, leur dit-il, mais qui de vous fera bien tenir cet œuf sur ce costé icy44 » ? leur dit-il, en montrant la pointe. Ils se mirent tous incontinent à resver, et, pas un n’en pouvant venir à bout, Colomb cogna doucement la pointe de l’œuf contre la table, et, la cassant, fit ainsi tenir l’œuf dessus. Les voilà tous à dire encore : « Quoy ! n’y avoit-il que cela à faire ? Vrayment, nous en eussions bien fait autant. — Toutefois, repondit Colomb, pas un pourtant ne s’en est pu aviser. C’est tout comme cela que j’ay decouvert les Indes. » Ce que disoit Colomb de son voyage se doit entendre de la pluspart des belles choses ; quand nous les voyons faites, nous n’appercevons plus ce qui les rendoit difficiles. Mais je voy bien ce qui vous tient : il vous faut des livres, des apophtegmes ; hé bien ! vous en aurez. Imaginez-vous donc, pour trouver vostre histoire du poëte belle, qu’il a composé45 :



44. On a raconté cette anecdote de beaucoup d’autres et avant Colomb. V. notre petit livre l’Esprit dans l’histoire, p. 10, note.

45. Ce qui va suivre rentre dans la catégorie des Bibliothèques imaginaires, et il se pourroit que Furetière s’en fût inspiré pour le Catalogue des livres de Mytophylacte (Roman bourgeois, édit. elzev., p. 312).