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Page:Variétés Tome VII.djvu/178

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cherté, et celles qui le sont apportent peu, comme a esté dit, pource qu’à cause de la pauvreté du laboureur elles n’ont les façons necessaires et accoustumées.

La huitiesme cause est la sterilité et infertilité de cinq ou six années, que subsequemment nous avons eues par tout ce royaume, esquelles nous n’avons recueilly ny bled, ny vin, ny foin, que bien peu, et ce peu qui s’est recueilly a esté dissipé par la guerre, et les chairs pareillement ont esté dissipées, et l’engeance d’icelles mangée et perdue ; de façon que la dissipation frequente par la frequence des guerres venant sur la frequente sterilité de plusieurs années estant jointe à la sterilité presente est cause de la dite cherté.

Voilà les huict causes les principales de nostre cherté, avec lesquelles nous pourrons mettre le haussement du pris des monnoyes, et les changemens particuliers qui ordinairement adviennent et qui font encherir les choses de leur pris ordinaire, comme les vivres en temps de famine, les armes en temps de paix, le bois en hyver, les ouvrages de main, comme peintures et quinquaillerie aux lieux où il ne s’en fait point. Mais ces choses particulières ne sont pas considerables au cas qui s’offre, qui est general. Icy on pourra mettre en avant que, si les choses alloient en encherissant, en partie pour le degast, en partie aussi pour l’abondance d’or et d’argent, et pour les causes susdites, nous serions enfin tous d’or, et personne ne pourroit vivre pour la cherté. Cela est bien vray ; mais il faut considerer que les guerres et calamitez qui ordinairement