Page:Variétés Tome VII.djvu/184

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champs, arrent tous les fruicts ou les achètent à beaux deniers, ou les prennent en payement de ce qui leur est deu par le pauvre païsant, et les serrent, et en les serrant en engendrent la disette, de laquelle vient la cherté, et après cela ils les vendent à leur mot, quand ils voyent qu’on ne peut vivre sans passer par leurs mains. À quoy il faudroit remedier par rigoureuses ordonnances, deffenses et arrests, et empescher tels monopoles, et qui portent un prejudice inestimable.

Les fermes seules, sans les monopoles de ceux qui les tiennent, eussent bien peu servir d’une cause de la cherté. Il n’y a pas cinquante ans qu’en France il n’y avoit guère de gens qui donnassent leurs biens à ferme, chacun les tenoit en recepte ; et surtout les rois ne donnoient pas leur domaine et autres droicts à ferme, de la façon avec laquelle on a depuis procedé, et quelques ordonnances qu’ayent ci-devant faites les rois sur le fait, ordre et distribution de leurs finances, jamais n’ont voulu bailler tout le corps des recettes de leur domaine à ferme, mais seulement le domaine muable et casuel, pour trois, six ou neuf années, ainsi qu’il a esté advisé pour le mieux, ains les ont fait exercer et manier ès receptes pour la conservation de leurs droits, qui ne gisent en daces65 ny intrades, comme ès autres païs, mais en cens, rentes foncières, tenues feodalles, terres, prez, moulins, estangs et autres fermes particulieres et emolumens de seigneuries directes ; pour la conservation desquels droicts a


65. Taxes.