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Page:Variétés Tome VII.djvu/348

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peuple fut si estonné et effrayé, qu’ils ne sçavoient que faire ne que dire, sinon que de se mettre en prières et oraisons pour invoquer la grâce et misericorde de Dieu. Ils se sont tous mis tant hommes que femmes et petits enfans, se sont habillez bien simplement, de quoy sur eux portoient de beaux linges blancs, depuis le dessus de leur teste jusques aux pieds ; lesquels avoient, autant grands que petitz, des croix en leurs mains, dont il y avoit des petits chandeliers là où estoient des cierges2, cheminans tous en grande devotion, portant le Sainct-Sacrement de l’autel, par dessus lequel y avoit un beau ciel blanc, qu’ils portoient tant de jour que de nuit, chantant fort melodieusement de beaux cantiques et oraisons. Estans en nombre de quatre mille personnes, se recommandans à la grace et misericode de Dieu, sont allez en grandes processions dedans les Ardennes3, à M. sainct Hubert4, y faisant leurs bonnes prières et oraisons dans son eglise, où ils feirent chanter bien honorablement une grande messe, laquelle oyant tous les pelerins


2. « Vêtus de toile blanche, dit L’Estoille (ibid.), avec mantelets aussi de toile sur leurs epaules, portant chapeaux ou de feutre gris chamarrés de bandes de toile, ou tout couverts de toile, sur leurs testes ; et, en leurs mains, les uns des cierges et chandelles de cire ardente, les autres des croix de bois ; et marchoient deux à deux, chantant en la forme des penitents ou pèlerins allant en pèlerinage. »

3. V. la première note.

4. Ville du grand-duché de Luxembourg, dans la forêt des Ardennes. L’église de l’abbaye, qui est fort belle, n’étoit pas encore reconstruite telle qu’on la voit aujourd’hui.