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Page:Variétés Tome VII.djvu/39

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À quy m’adresseray-je, ô dieux ! je vous supplie ?
Si je suis obligé, vous sçavez bien pourquoy.
Hé ! quy voudra de vous ayder à mon envie
Et m’oster maintenant d’un si fascheux esmoy ?

Echo. — Moi.

Quelle voix favorable offre à m’oster de peine
Et me rendre sçavant de cela que je veux ?
Les deesses quy sont dedans ceste fontaine3,
Ou bien les Innocens, favorisent mes vœux.

Echo. — Eux.

Peut bien estre vrayment que saint Innocent mesme,
Non tant comme patron que comme son voisin,
Me desire advertir (sçachant bien que je l’ayme)
Que pour estre des siens il est un peu trop fin.

Car la fille de l’air ne seroit pas logée
Parmy les Innocens du quartier Saint-Denys.
Il est vray que peut-estre elle s’y est rengée
Pour voir nostre badin, qu’elle prend pour Narcys.

Je me ry, belle Nymphe, et repare mon crime.
J’ay tort, je le sçay bien, j’ay prophané ton nom ;


3. Ces déesses sont les nymphes de Jean Goujon à la fontaine des Innocents, placée alors au coin de la rue aux Fers et de la rue Saint-Denis. L’auteur les invoque ici parceque c’est a leur pied qu’Angoulevent, avec la troupe des farceurs de l’hôtel de Bourgogne, venoit faire sa montre ou parade. Il devoit aller aussi au carrefour de la Pointe-Saint-Eustache, près de ce Pont-Alais qui avoit donné son nom à un autre farceur. V. Nouvelles de Des Periers, édit. Louis Lacour, p. 133–134, et notre tome 3, p. 142.