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Page:Variétés Tome VII.djvu/72

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cher sous les cornettes du feu duc de Mercœur2, et je me fis tellement sous la conduitte d’un chef si important que je devins fort grand conseiller, suptil aux entreprises, et fort grand de courage ; bref, ayant acquis toutes les marques d’un bon soldat, on me donna une compagnie, en la conduite de laquelle je m’acquitay de ma charge avec autant de modestie et vaillance que capitaine de mon temps. J’estois tousjours le premier aux escarmouches, et ne demandois qu’à remuer le fer tousjours au milieu du feu et du sang, et jamais ne m’amusois au pillage, l’estimant une chose indigne de ma valeur.

Ce n’est pas là la vie que vous voulez mener, frères : car je voy bien, par les procedures que vous tenez au commancement de ceste guerre, que vous n’avez le cœur qu’à la volerie, qu’au pillage et butin, poltrons que vous estes, soldats de rapine, oyseaux de proye3 ; aussi ne vous fussiez-vous jamais enrollé sous les chefs qui vous conduisent, n’eût esté la belle esperance qu’on vous donna de demeurer maistres de la campagne et vous laisser vivre avec toute sorte de liberté. Ô pendards ! on en pendra tant4 !

Quant Guillery j’estois, combattans sous les enseignes de mon maistre et bon seigneur, je n’avois du sang et de la vie que pour despendre liberalle-


2. V. t. 1er, p. 293, note.

3. Ce que fit le brigand Carrefour, enrôlé quelque temps dans le parti du duc de Nevers, est bien une preuve de la vérité de ce qu’on lit ici.

4. Cette exclamation revient comme une sorte de refrain à la fin de plusieurs paragraphes.