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Page:Variétés Tome VII.djvu/97

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le petit trou qu’il avoit fait à sa cloison pourroit bien estre quelque jour aussi celèbre. Il est vray que, du commencement, il luy survint un accident qui modera bien sa joye : il remarqua qu’à force de se promener le long de sa court il usoit bien plus de souliers, et qu’une paire de bouts qui avoit coustume de luy durer plus de quinze jours ne luy en servoit plus que douze. Que fit-il ? Il se resolut au repos. C’estoit un plaisant spectacle de considerer nostre petit enfant barbu planté comme une fourche devant une montagne de fumier, en humer l’exhalaison, et passer un demy-jour sans se mouvoir. Que s’il entendoit quelque bruit, il se contentoit de tourner la teste, car il n’avoit garde de se remuer tout à fait, de peur d’user toujours ses souliers d’autant. Il s’imagina mesme que ce fumier luy pourroit bien estre utile à moderer les ardeurs de la faim, ayant ouy dire que les cuisiniers mangent beaucoup moins que les autres hommes, à cause des fumées des viandes qui les nourrissent ; mais ce ne fut pas le seul artifice dont il se servit pour suppléer au deffaut de nourriture. Par malheur, ayant


thus ? De notre temps, il s’est trourvé un homme, et il est encore en vie, qui a acheté la lampe de terre d’Épictète trois mille drachmes : car il espéroit qu’en lisant les nuits à la lueur de cette lampe, la sagesse d’Épictète viendroit incontinent à lui pendant son sommeil, et qu’il deviendroit tout semblable à ce merveilleux vieillard. » Lucien parle encore du collectionneur qui acheta le bâton de Protée le cynique moyennant un talent (5,500 fr. à peu près). De notre temps, la canne de Voltaire, je dis la vraie, n’auroit pas été à la moitié de ce prix.