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Page:Variétés Tome VIII.djvu/45

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du Procez de Baif.

De tous biens fortune me prive :
L’un me demande cent escus,
Les autres moins, les autres plus ;
Vingt et deux procez je me compte,
Tout pour rente ou reste de compte ;
Boulanger, patissier, boucher,
Estoient sans fin à mon coucher ;
Le matin nouvelles aubades,
Le plus souvent faire à gourmades
Avec quelque triste sergent,
Et le tout à faute d’argent.
Voilà comment le temps je passe,
Tandis que mon homme en amasse ;
Et, m’ayant ainsi attrapé,
De mon traict mesme il m’a frapé.
En tel estat, sans que je meure,
Environ sept ans je demeure ;
Desbrouillé non pas trop encor,
Un beau matin je prens l’essor :
Droict à Toloze je m’advance,
Bourse vuide à beau pied sans lance,
Comme Tomassi me perdit ;
Mais partout je trouvay credit.
Là je me prepare à combattre
Au mois de Bacchus six cens quatre,
Quand il fournit le vin nouveau
Pour nous reschauffer le cerveau :
Aussitost, et sans rien attendre
À bon conseil je me vais rendre ;
Coneillan, Ferrier, Pumisson,
M’ont fait la petite leçon ;
Et le tout vray comme la Bible