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Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/129

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Vite, vite, il est l’heure ; je descends. Maman pose le voile sur ma tête ; elle s’éloigne pour mieux m’admirer et rosit de plaisir.

— Ton mari sera content, dit-elle !

— Moi aussi, j’espère !

Je dis cela, frémissante encore de la possession de Roy, à laquelle je pense sous les voiles immaculés.

— N’y compte pas trop, fait maman.

Et puis, après une pause :

— Flo, as-tu idée de ce qu’est le mariage ?…

— Un peu, maman !

— Alors, tu sais que les hommes se livrent sur les femmes à des gestes terriblement bestiaux… Vois-tu, ma pauvre enfant, j’ai peur que tout cela t’apporte bien des déceptions, comme à moi… Et je vais te donner le seul conseil qui soit bon : laisse faire et supporte… sans dire ton dégoût !…

Alors, je baisse les yeux comme une authentique mariée et, envoyant à mes amants un dernier souvenir plein de reconnaissance, je dis, confuse, sous mes voiles liliaux :

— Oui, maman !… j’essaierai de supporter !…