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Page:Vasse - L'art de corriger et de rendre les hommes constants, 1783.pdf/27

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entra, mon cœur sentit une émotion qui lui avoit été étrangere jusqu’alors. Nos yeux se rencontroient quelquefois, les miens se baisserent en étouffant un soupir.

La visite du Marquis, quoique assez longue pour la première, ne me parut qu’une minute : lorsqu’il se leva pour se retirer, je regardai involontairement le Comte, & je rougis ; si je n’eusse pas craint qu’on me devinât, j’aurois, je crois, fait l’impossible pour retenir le Marquis le reste de la journée.

Quand je fus seule, une tristesse affreuse s’empara de tous mes sens, mon château me parut une prison, & mon parc une solitude insupportable. Je comptai les heures qui m’appelloient à la fête, & deux jours me paroissoient des siecles : cependant me disois-je tristement, le temps

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