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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/108

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LES DEMI-SEXES

qui, selon l’occurrence, tantôt ne veulent voir de supériorité nulle part et, tantôt, en reconnaissent partout. Ici, le plus cruel de nos caricaturistes cherchait un type à ajouter aux grotesques tragiques de « Doux pays » ; là, un jeune conférencier, souvent conspué, distillait la quintessence des pensées politiques, ou condensait, en se jouant, l’esprit d’un écrivain fécond. Un critique influent, aussi incapable d’un bon article que d’une louange, lui donnait la réplique. Ah ! comme il aurait pulvérisé toutes les œuvres du temps présent si son talent avait eu la puissance de sa haine !… Tous deux essayaient de maquiller adroitement la noirceur de leur âme en s’adressant de mutuels éloges.

De jeunes auteurs sans style étaient auprès de jeunes auteurs sans idées ; des prosateurs pleins de charme près de poètes sans harmonie. Camille avait accouplé malignement tous ces êtres incomplets, qui, d’ailleurs, se recherchaient volontiers, dédaignant les femmes… Et, l’on voyait se séparer, en deux groupes hostiles, les esthètes à longue tignasse, à taille mince, à poitrine bombée, et les femmes à cheveux courts, à buste volontairement plat et insexué.