Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
LES DEMI-SEXES

Tout ce qu’il avait pensé, en tant de songeries exaltées, il l’exprimait avec une telle ferveur qu’elle l’écoutait, comme dans un nuage de prière et d’encens. Elle se sentait caressée en toutes ses fibres de femme par cette bouche adoratrice, plus et mieux qu’elle ne l’avait encore été en ses coupables ivresses.

Et, pourtant, un sourire un peu ironique restait au coin de ses lèvres. Il y avait tant de naïveté dans cet amour, tant de candeur passionnée !… Elle comprenait la jouissance du mystère dans la complicité qui fait les amants et les conspirateurs.

Camille, chez elle et dans le monde, redevint impénétrable et Julien se berça orgueilleusement et presque sensuellement dans le plus profond de sa conscience de l’idée que toute cette magnifique indifférence cachait une infinité de tendresse qui n’était que pour lui et que rien, désormais, n’assombrirait sa joie. Nul qu’eux, sur la terre, ne connaissait leur démence… et c’était délicieux, cette pensée !

Depuis le jour où elle l’avait frôlé à table, jusqu’au moment où elle avait surgi comme une apparition dans le cadre de sa porte ouverte, Camille ne lui avait pas marchandé l’émotion. Ses étreintes avaient cette langueur