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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/13

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LES DEMI-SEXES

de sa boutonnière dans un large cadre d’or.

Elle avait les yeux d’un bleu déteint très pâle, et les pupilles noires, luisantes, rondes, dilatées en rendaient étrange l’expression. Avec son nez mince, ses lèvres fortes, son menton volontaire, sa figure irrégulière et passionnée dégageait une séduction inattendue. C’était un de ces visages de femme dont chaque ligne révèle une grâce mystérieuse, semble avoir une signification, dont, chaque mouvement paraît dire ou cacher quelque chose. Le regard, surtout, racontait des rêves de morphine, ou, peut-être, plus simplement, l’artifice de la belladone. Elle était mince, élégante, souple, un peu hésitante et fébrile en ses gestes.

Il y eut des chuchotements dans l’antichambre, un froufrou de robe, et le médecin entr’ouvrit la porte du salon. Aussitôt, une des femmes se leva et passa dans l’autre pièce.

Cela s’était fait si rapidement que Camille n’avait pu examiner Richard. Elle retomba dans ses réflexions, sans prendre garde aux mines effarées de la gouvernante.

Elle avait, de plus en plus, la sensation d’être dans une serre aux parfums entêtants. De grands palmiers ouvraient leurs feuilles