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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/155

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LES DEMI-SEXES

le comte à la porte… Si vous saviez comme cela m’est égal !…

— Prendre la place de Richard, de notre cher Richard, du libérateur de notre sexe souffrant !…

Adorables étaient les parures, mais plus adorables encore étaient celles qui les portaient. Leurs yeux passionnés avaient d’inquiétantes lueurs, leurs mains chargées de bagues s’agitaient dans une fiévreuse impatience. Marguerite d’Ambre présentait orgueilleusement l’éventaire des magnificences de sa jeune poitrine. Delphine de Belvau avait combiné la transparence insidieuse de la mousseline de soie avec les tons pâles de sa chair, et elle paraissait nue sous le léger corsage qu’un simple fil de pierreries retenait aux épaules. Rose Mignot, blanche et chaste figure descendue des nuages d’Ossian, ressemblait à une madone de cire. Elle tenait enlacée Claire Dolys dont la beauté garçonnière formait avec la sienne un contraste frappant.

Il y avait là des printemps fleuris, des étés splendides et savoureux, de plantureux automnes ; des seins éblouissants battant leur plein au bord soyeux des corsages, et, sous les joyaux, des épaules de neige, des bras puis-