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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/178

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LES DEMI-SEXES

possibilité de se soustraire à l’horrible devoir. Quelquefois, en réfléchissant sur elle-même, elle était effrayée de ce qu’elle avait fait. Sans amour, elle s’était donnée aux moins dignes pour le plaisir d’une sensation nouvelle, d’une découverte, d’une surprise. Puis, toute chaude encore de ces tristes baisers, elle avait tendu ses lèvres aux lèvres de Julien.

Lui, l’aimait avec joie, avec ardeur, avec confiance. Rien qu’à la voir, il avait cette émotion de tout l’être qui précipite les battements du cœur. Son corps, sa bouche, l’affection et la caresse de ses gestes allaient involontairement vers elle. Aucun froissement ne le décourageait : ni ses moqueries, ni ses injures, ni la corruption des plaisirs qu’elle avait souhaités. Elle pouvait faire de lui ce qu’elle voulait, le calomnier et l’insulter, il resterait à elle, sous le talon de ses bottines.

Cette femme à aimer lui était nécessaire ; il se réchauffait à elle, il vivait d’elle, il la respirait. Il était du tempérament des bêtes que les mauvais traitements attachent.

Et quand elle tomba malade, il passa ses journées à sa porte à mendier de ses nouvelles. Il faillit mourir d’inquiétude et de désespoir.