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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/185

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LES DEMI-SEXES

Sans s’écarter un seul instant de ce qu’elle se devait à elle-même, mademoiselle de Luzac lui avait adressé de ces choses blessantes, tellement bien calculées qu’elles peuvent paraître une vérité, même quand on s’en souvient de sang-froid.

Il avait, cependant, pour soutenir sa fierté, le souvenir de ce qui s’était passé entre eux, il n’y avait pas encore bien longtemps. « Aucun homme, se disait-il naïvement, ne peut se vanter d’un semblable bonheur ! » Et cette idée lui donnait le courage de supporter tous les affronts. Sa sagesse n’allait pas plus loin ; il ne comprenait nullement le caractère de la personne singulière qui disposait de sa destinée et en faisait si peu de cas.

Il tenta encore de se rapprocher de Camille et de prendre sa main.

— Non, dit-elle, c’est inutile… Éloignez-vous, laissez-moi… Votre présence m’est pénible… C’est fini !

Il chancela et s’éloigna comme un homme ivre. Il lui semblait que le sol se dérobait sous ses pieds, que les objets tourbillonnaient autour de lui.

Quand elle ne l’entendit plus, elle se souleva, prit un miroir sur la table et se regarda. Après