Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LES DEMI-SEXES

— Ah ! oui, Julien Rival !… Mais, c’est un enfant, qui, plus tard, se formera et deviendra semblable aux autres… À ce propos, voici sa dernière lettre… lisez-la-moi.

Elle sortit de sa poche le papier tout chiffonné et le lui jeta.

Philippe s’approcha de la fenêtre.

— Il y a des larmes sur cette feuille.

— C’est du dernier ridicule !… Allons, lisez… Qu’attendez-vous ?…

— Rien.

Et il lut d une voix grave :

« Camille, vous rappelez-vous ma première lettre ?… Je vous disais mon bonheur, ma reconnaissance, mon ivresse !… Aujourd’hui, je pleure et je vous dis adieu. J’aurai quitté Paris quand vous recevrez ma lettre, car je ne peux plus vivre si près de vous et si loin de votre cœur !… Les hommes comme moi ne devraient jamais connaître les femmes comme vous… Si j’étais un poète ou un artiste, ma douleur, peut-être, enfanterait un chef-d’œuvre, et l’art me ferait supporter l’existence ; mais, je ne suis rien qu’un pauvre garçon en qui est entrée, avec son amour pour vous, une atroce et intolérable détresse. Quand je vous ai rencontrée, je ne pensais pas sentir et souffrir de