Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
LES DEMI-SEXES

c’est dommage… Je ne croyais pas vous avoir offensée…

Ils demeurèrent silencieux, déconcertés, mécontents.

Enfin, elle se leva, et vint appuyer sa main sur la sienne.

— Je consens, dit-elle.

— Vrai ?…

— Oui, ce sera infiniment original !…

Et son rire douloureux la reprit. Comme il semblait inquiet, elle fit un effort.

— Pardonnez-moi ; mes nerfs me jouent de ces tours ridicules depuis quelques jours… Je ris, et j’ai envie de pleurer !

Pendant trois semaines Camille retourna poser à l’atelier de Georges, malgré les railleries de Nina et les menaces de Philippe. Déjà elle n’était plus maîtresse de ses impressions ; la curiosité parlait plus haut que son orgueil dans celle langue souveraine des arts qui exalte si ardemment l’imagination. Son âme commençait à s’ouvrir aux sensations douces et rares, au sentiment et à la jouissance du Beau. Elle comprenait que le plaisir de l’amour est d’abord d’aimer, et que l’on est plus heureux par la passion que l’on a que par celle que l’on inspire.