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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/246

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LES DEMI-SEXES

chait du rivage. Le patron qui consultait l’horizon pour connaître, à la voilure portée et aux amures prises par les bâtiments en vue, la force et la direction des courants d’air, décida brusquement d’amener la flèche pour prévenir tout danger. La longue toile gonflée descendit du sommet du mât, glissa palpitante, comme un oiseau blessé, le long de la misaine qui commençait à pressentir la rafale prochaine. Cependant, tout était calme encore ; un peu d’écume, seulement, moutonnait devant eux. Mais, tout à coup, l’eau devint toute blanche au loin, et, lorsque cette ligne pâle ne fut plus qu’à quelques centaines de mètres, toute la voilure reçut brusquement une grande secousse, et l’eau floconneuse s’agita, se souleva sous l’attaque invisible et sifflante de la bourrasque.

Couché sur le côté, le bordage noyé, les haubans tendus, la mâture craquant, le yacht partit d’une course affolée, gagné par un vertige, par une furie de vitesse.

Camille, pressée sur la poitrine de Georges, s’abandonnait à cette ivresse, avec le souffle rauque de la volupté.

— Encore ! encore ! murmurait-elle… Oh ! mourir ainsi !…