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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/248

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LES DEMI-SEXES

vague, des plantes roses et bleuâtres où glissaient d’immenses familles à peine écloses de jeunes poissons. Des gamins, au corps de bronze, plongeaient pour attraper des sous ou gambadaient follement de rocher en rocher. Quand ils avaient assez ramé, ils remontaient, s’égaraient dans les terres.

D’innombrables petits chemins séparaient des jardins d’oliviers et de figuiers enguirlandés de pampres brunis. À travers les feuillages, ils apercevaient à perte de vue la mer changeante, des caps, des villages blancs, des bois sombres de sapins sur les pentes et les sommets de granit gris. Des femmes grandes, aux yeux noirs et profonds les regardaient passer.

Huit jours après, ils étaient à Florence. Georges avait pour cette cité superbe, où les grands hommes de la Renaissance ont jeté les trésors à pleines mains, un culte tout particulier. Le même reflet d’impérissable beauté apparu sous le pinceau des peintres, sous le ciseau des sculpteurs, s’agrandit en lignes de pierre sur la façade des monuments, et les églises sont pleines des œuvres de Lucca della Robbia, de Donatello, de Michel-Ange, de Jean de Bologne, de Benvenulo Cellini. L’artiste était conquis, grisé par la séduction de ce