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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/297

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LES DEMI-SEXES

nait dix fois par jour à sa préoccupation, s’offrait l’amer plaisir de l’aveu.

— Tu ne sais pas à quoi je songe ?…

Et, comme elle ne répondait pas :

— Je songe à notre avenir, aux longues soirées d’hiver dans l’atelier bien chaud, avec, à nos pieds, un petit enfant qui, tout rose, se roulerait sur le tapis comme une fleur de chair.

— Oui, répétait-elle, un petit enfant…

Et des larmes roulaient dans ses yeux.

— Cela te fait donc de la peine de parler de ces choses ?…

Elle inclinait tristement la tête et gardait le silence. Il n’insistait pas, mais une rancune restait en lui. Il se disait que sa femme était trop égoïste pour le dévouement maternel et elle lui semblait incapable, désormais, d’une affection sérieuse. Lui parlait-elle, l’encourageait-elle, le caressait-elle, il lui trouvait la voix fausse comme le cœur et il se persuadait que rien ne la remuait, ne l’attendrissait, en dehors de la folie des sens.

Elle se promenait avec lui, préoccupée et lasse, admirant à peine les chefs-d’œuvre qu’il lui indiquait. Elle était là, à côté de lui, avec cet air résigné qui ne la quittait plus, et il se