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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/299

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LES DEMI-SEXES

vait, maintenant, qu’il ne comprenait plus ce qui suffit aux autres hommes… Il n’était fait ni pour l’amour, ni pour le mariage ; sa susceptibilité était trop vive auprès de son inexpérience. L’espèce d’isolement dans lequel il s’était blotti, par crainte des contacts pénibles, lui convenait bien ; pourquoi donc en était-il sorti ?… Les froissements viennent presque toujours de ce qu’on n’admet pas, de ce qu’on ne tolère point, chez les autres, une nature opposée à celle qu’on a. Il le savait, l’ayant quelquefois observé, mais il ne pouvait modifier à sa guise la vibration spéciale de son être.

En somme, il n’avait rien à reprocher à Camille, qui se montrait toujours aussi tendre qu’au premier jour… Pourquoi donc cette peine entrée en son cœur ?… Ah ! c’est qu’il l’avait crue à lui tout entière, et qu’il venait de reconnaître, de deviner qu’il y avait quelque chose qu’on ne lui disait pas. Durant le retour, cette impression pénible s’accrut au lieu de diminuer, et vainement il chercha les origines des malaises nouveaux de sa pensée. Ils passaient, s’en allaient, revenaient comme de petits souffles d’air glacé, éveillant en lui une angoisse encore légère, lointaine, mais singuliè-