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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/38

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LES DEMI-SEXES

des existences parisiennes est vraiment bien transparent pour un observateur.

— Que voulez-vous dire ? demanda Camille avec une certaine épouvante.

— Votre société, qui était hypocrite hier, n’est plus que lâche aujourd’hui, et il n’est personne de nous qui n’ait été témoin de ces faits étranges de passion ou de folie qui changent toute une destinée, de ces brisements de cœur si douloureux par-dessus lesquels le monde met son indifférent silence…

Elle eut un sourire dédaigneux.

— Oh ! je ne comprends guère les imprudences de la passion.

— Vous êtes si jeune !

— Je suis plus renseignée que vous ne pensez ; seulement, je n’ai jamais aimé.

— Vous aimerez.

— J’espère bien que non. La vie est trop courte, et, dans la mienne, il n’y aura pas de place pour la souffrance.

— Ah !…

— Non, il n’y aura pas, dans ma pauvre existence de femme, de ces drames cruels, de ces sanglantes comédies qui se jouent, en effet, trop fréquemment derrière le rideau de la vie privée. Ce qui sort de ces terribles évé-