— Pourquoi ? demanda-t-il d’une voix étouffée.
— Parce que je ne veux pas me marier, parce que je ne me marierai jamais !… Oui, ma situation, ma personne ont déjà séduit quelques jeunes gens, j’ai reçu des déclarations qui auraient pu satisfaire mon amour-propre, mais mon cœur est resté muet ; et, comme je vous l’ai dit, je crois bien qu’il observera toujours la même discrétion. Des hommes m’appartiendront peut-être, je n’appartiendrai jamais à un homme !
Elle s’exprimait avec le sang-froid d’un avoué ou d’un notaire expliquant à ses clients la marche d’un procès ou les articles d’un contrat.
Le timbre clair et séducteur de sa voix n’accusait pas la moindre émotion ; seulement sa figure et son maintien prirent une froideur et une sécheresse diplomatique qui confondirent son interlocuteur.
— Pourtant, reprit-il avec un peu d’ironie, pour m’avoir adressé de si fraternels avertissements, il faut que vous ayez craint de me perdre, et cette assurance pourrait satisfaire mon orgueil. Mais, laissons la personnalité loin de nous. Vous êtes, certes, la seule jeune