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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/48

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LES DEMI-SEXES

plus vive que la clarté même. Parfois, une pensée paraissait se peindre sur son front, sa paupière vacillait, ses traits se transformaient le reflet de ses cheveux jetait des tons ambrés sur ses tempes. Chaque nuance de sa beauté donnait des fêtes nouvelles aux regards de Philippe, lui révélait des choses inconnues. Il voulait lire un sentiment, un espoir dans toutes les phases de ce délicat visage. Ces discours muets devaient, pensait-il, pénétrer d’âme à âme comme un son dans l’écho ; il éprouvait des joies passagères qui lui laissaient des impressions profondes. Ce n’était plus une admiration, un désir, mais un charme, une fatalité ! Le sceptique endurci était devenu le plus ingénu des croyants.

Et, tandis que son muet adorateur jetait les cartes négligemment, elle songeait, mûrissait son coupable projet. Talberg, jusque-là, ne lui avait rien laissé pressentir de ses impressions et elle conservait, auprès de lui comme auprès des autres hommes, le calme singulier qui la rendait si différente des jeunes filles de son âge. Elle et lui étaient deux abîmes placés en face l’un de l’autre et attirants comme tous les abîmes.

Maintenant, il avait parlé, et elle le méprisait