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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/56

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LES DEMI-SEXES

masque, m’ont investie du pouvoir de comparer et de méditer. Ma sensibilité ne s’est-elle pas concentrée pour devenir l’organe perfectionné d’une volonté plus haute que le vouloir de la passion ?… Je désire me venger de la société qui nous condamne, nous autres femmes, parce que nous sommes faibles ; je désire posséder l’âme des hommes en soumettant les intelligences et en méprisant les mépris.

» Les hommes sont habitués, par je ne sais quelle pente de leur esprit, à ne voir dans une femme honnête que ses défauts et dans une gueuse que ses qualités. Ils éprouvent une grande sympathie pour les turpitudes de la fille qui sont une flatterie perpétuelle de leurs propres indignités, tandis que la femme intelligente et droite ne leur offre pas assez d’encens pour compenser ses mérites. La délicatesse des sentiments est un crime que tous les amants condamnent, car ils veulent trouver dans leurs maîtresses des motifs de satisfaction pour leur vanité. En elles, ils ne recherchent que les honteuses complaisances qu’ils exploitent et blâment tour à tour. Au lieu d’entretenir soigneusement la chaste ignorance de leurs filles, les parents devraient le