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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/11

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— 1793 - 1799 —

impatiemment attendu par leur entourage, vint changer les titres que tous deux avaient jusqu’alors portés. Louis XVII mourut le 8 juin 1795 (20 prairial an III) dans la prison du Temple. Le régent prit aussitôt le nom de Louis XVIII, le comte d’Artois devint Monsieur. Le nouveau souverain notifia son avénement à toutes les cours étrangères et aux sujets de son royaume, en faisant suivre son nom du titre de roi de France et de Navarre.

Vainement la France révolutionnaire avait jugé et fait exécuter un roi ; vainement elle était parvenue à comprimer toutes les résistances intérieures et à repousser sur tous les points l’invasion étrangère ; pour l’émigration et pour ses chefs, rien n’était changé : la France, pour eux, était encore la monarchie de Louis XV, et ils ne voyaient dans l’énergique population de ses villes, de ses campagnes et de ses camps, qu’un troupeau de sujets mutinés à peine dignes de pardon. Les passages suivants du manifeste publié par Louis XVIII, à l’occasion de son avénement, donneront la mesure des illusions qui dominaient encore ce prince au début de sa royauté :

« Les impénétrables décrets de la Providence nous ont transmis, avec la couronne, la nécessité de l’arracher à la révolte. Des hommes impies et factieux vous ont entraînés dans l’irréligion et la révolte. Depuis ce moment, un déluge de calamités a fondu sur vous de toutes parts.

Vous fûtes infidèles au Dieu de vos pères, et ce Dieu, justement irrité, vous a fait sentir tout le poids de sa colère ; vous fûtes infidèles à l’autorité qu’il avait établie pour vous gouverner, et un despotisme sanglant, une anarchie non moins cruelle, se succédant tour à tour, vous ont sans cesse déchirés avec une fureur toujours croissante. Vos biens sont devenus la pâture des brigands à l’instant où le trône est devenu la proie des usurpateurs ; la servitude et la tyrannie vous ont opprimés dès que l’autorité royale a cessé de vous couvrir de son égide. Propriété, sûreté, liberté, tout a disparu avec le gouvernement monarchique.

Il faut revenir à cette religion sainte qui avait attiré sur la France les bénédictions du ciel ; il faut rétablir ce gouvernement qui fut pen-