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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/149

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— 1813 —

der à Dresde, où se trouvait Napoléon, une prolongation de la suspension d’armes. Il fallait un prétexte pour y décider ce dernier, dont les troupes, depuis le 5 juin, se trouvaient resserrées derrière une assez mauvaise ligne de défense, dans un pays ruiné par la guerre, désolé par les incendies et que menaçait la famine. M. de Metternich venait proposer l’ouverture d’un congrès où la France, la Prusse et la Russie discuteraient les bases d’un traité de pacification générale, et dans lequel François II interviendrait comme médiateur.

L’état politique de l’Europe, à cette date, donnait à l’Autriche une influence prépondérante sur la situation : en joignant ses soldats aux soldats d’Alexandre et de Frédéric-Guillaume, le cabinet de Vienne apportait aux nouveaux alliés une supériorité numérique presque décisive ; ceux-ci, d’un autre côté, pouvaient difficilement soutenir la lutte, si François II se rangeait de notre côté. Enfin, sa neutralité établissait une sorte de balance qui laissait à Napoléon toutes les chances que lui donnaient sur l’ennemi la bravoure de ses troupes, le prestige de son nom, sa prodigieuse activité et son génie.

L’Empereur connaissait les traités de Reichenbach ainsi que les pourparlers engagés entre les Alliés et le Cabinet de Vienne, lorsque M. de Metternich arriva à Dresde ; un courrier du comte Stakelberg, ambassadeur de Russie à Vienne, venait d’être arrêté à nos avant-postes par une patrouille de hussards ; ses dépêches ne laissaient rien ignorer ; elles confirmaient, quant au rôle de l’Autriche, un mot prononcé par le prince de Schwartzenberg, son ambassadeur à Paris, et que l’on venait de transmettre à l’Empereur : Le mariage, la politique l’a fait ; il n’engage pas l’avenir. Cependant Napoléon se refusait à croire que l’empereur François II ne fût pas personnellement de bonne foi ; ce dernier venait, en effet, de lui écrire de sa main une lettre où se trouvait ce passage : « Le médiateur est l’ami de Votre Majesté ; il s’agit d’asseoir sur