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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/15

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— 1793 - 1799 —

vait plus compenser les frais de cette insurrection ; aussi lord Grenville, parlant du retour inopiné du comte d’Artois à MM. de Woronzoff et de Starenberg, ambassadeurs de Russie et d’Autriche, se plaignait en ces termes :

« Vous connaissez, messieurs, les efforts et les sacrifices que le gouvernement britannique n’a cessé de faire pour les royalistes ; vous savez que M. le comte d’Artois ayant désiré aller en Vendée, nous avons mis en mer une expédition digne de S. A. R. Mais, à peine embarquée, S. A. a fait des démarches pour revenir ; voici deux lettres originales par lesquelles elle demande instamment son retour. Je ne lui ai pas répondu ; et cependant j’apprends que S. A. est arrivée d’elle-même sur le Jason ; faites donc quelque chose pour ces gens-là ! »

Le découragement exprimé par lord Grenville avait également gagné la Prusse, quand, trois mois avant le second soulèvement de la Vendée, elle s’était décidée à signer le traité de Bâle et à reconnaître la République française. L’irritation qu’avaient donnée au cabinet de Berlin les folles illusions et les allures fanfaronnes de l’émigration, était même allée plus d’une fois jusqu’à la colère. Les émigrés, dans plus d’une circonstance, avaient eu à se plaindre de la brutalité des troupes et des autorités prussiennes ; on ne s’était pas contenté de les injurier, de les insulter, au retour de la première campagne ; on les avait maltraités ; les soldats prussiens avaient pillé leurs équipages, leurs effets les plus nécessaires, même leur linge. La paix faite, les émigrés purent, en outre, lire cette inscription sur des poteaux plantés à la porte des villes, ainsi qu’aux carrefours des routes de la Prusse et de quelques petits États qui avaient accédé au traité de Bâle : Défense de passer aux vagabonds et aux émigrés. Ceux-ci surent se venger ; ils écrivirent à leurs amis, ils imprimèrent dans leurs brochures « que les soldats de Frédéric-Guillaume étaient dignes de fraterniser avec les patriotes,