Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
— 1813 —

avait-il la ferme intention de traiter ? Les Alliés ne croyaient pas à la sincérité de leur adversaire ; de là, les premières lenteurs du congrès et le terme absolu assigné à ses délibérations. Malgré cette défiance et les engagements pris avec l’Angleterre, ils auraient probablement traité sur les bases proposées le 7 août, si Napoléon les avait sérieusement acceptées ; les subsides promis par la cour de Londres, bons tout au plus pour solder les premiers frais d’une campagne, ne pouvaient certes pas entrer en balance avec les dépenses énormes et les sacrifices sans limites que pouvait leur coûter une lutte nouvelle, acharnée, dont le succès, d’ailleurs, restait incertain. Quant à Napoléon, désirant la paix, mais voulant sinon la dicter, du moins ne pas la subir ; croyant, d’ailleurs, la France inépuisable, et refusant d’admettre que les nations, ainsi que le lui avait écrit le duc de Bassano le 9 mai précédent, se fatiguent de la nécessité de vaincre toujours, il trouvait exorbitantes les conditions exigées par les puissances alliées, et il ne put se résoudre à les accepter. M. de Narbonne et le duc de Vicence étaient ses plénipotentiaires ; non-seulement le premier, arrivé seul, le 5 juillet, à Prague, pour l’ouverture du congrès, ne reçut ses instructions que le 16 ; mais Caulaincourt, sans qui M. de Narbonne ne pouvait traiter, n’avait rejoint son collègue que le 28, douze jours avant le terme assigné à la durée des conférences. D’un autre côté, les trois jours donnés par les Alliés à l’Empereur, pour répondre à leur ultimatum, étaient un délai suffisant ; un courrier pouvait, en neuf ou dix heures, franchir les trente-cinq lieues qui séparaient son quartier général (Dresde) de la capitale de la Bohême. Sa réponse, d’ailleurs, était un refus véritable ; on exigeait une acceptation pure et simple, et il envoyait une contreproposition. Lui-même, au reste, l’a dit : « Les conditions du congrès étaient excessives et faites évidemment dans l’opinion qu’elles seraient rejetées[1]. »

  1. Mémoires de Napoléon, t. II.