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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/171

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— 1813 —

le mouvement sur Berlin. Ney, battu à son tour à Dennewitz, se replia. Napoléon ne se décourage ni ne s’émeut. Trompé dans tous ses efforts pour reporter la lutte sur l’Oder et sur ses affluents, décidé à se maintenir sur l’Elbe, il cherche, à force d’activité et d’énergie, à ne pas se laisser déborder. De tous les généraux ennemis, Blücher est celui dont les succès sont les plus marqués, les progrès les plus rapides ; il se jette de nouveau sur lui et le fait fuir jusqu’en Silésie. La grande armée des coalisés, ralliée à Tœplitz, profite encore une fois de son éloignement pour sortir de la Bohême et tenter un nouvel effort sur Dresde ; l’Empereur accourt et la repousse au delà des montagnes qu’elle vient de franchir. Blücher reparaît sur la Sprée ; Napoléon court à lui et le met en fuite une troisième fois. Victoires inutiles ! Pendant que l’Empereur défend ainsi l’Elbe supérieur contre deux armées, fortes ensemble de plus de 300,000 hommes, dont les attaques se succèdent sans relâche et qui, toujours battues, ne sont jamais lassées, sa gauche est tout à coup forcée par Bernadotte, qui, après avoir repoussé Ney jusque sous les murs de Torgau, a franchi le fleuve au-dessus et au-dessous de Wittemberg et percé enfin cette ligne de l’Elbe derrière laquelle il n’existe plus, comme barrière sérieuse de la France, que la seule ligne du Rhin. Napoléon sent que Dresde ne peut plus rester le centre et la base de ses opérations ; mais il ne veut quitter cette position que pour frapper un coup de la plus grande audace, pour tenter un effort digne de son génie. Plus de cent lieues séparent encore les armées coalisées de la frontière française ; on ne compte, au contraire, que cinq jours de marche entre Dresde et Berlin ; c’est sur Berlin qu’il va marcher, Berlin, dépôt général des ressources matérielles de la Prusse, foyer du travail insurrectionnel qui agite depuis quelque temps toutes les populations allemandes, centre d’où partent l’impulsion, les ordres pour la défense des provinces prussiennes, et que le mouvement de Bernadotte sur l’Elbe a laissé à découvert.