Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
— 1813 —

Les Allemands ont donne à ce terrible choc le nom de bataille des Nations ; tous les peuples de l’Europe, moins les Anglais et les Espagnols, s’y trouvaient, en effet, représentés ; le sang de tous y coula. Il n’y eut pas, d’ailleurs, qu’une seule rencontre ; ce furent trois batailles différentes, livrées successivement les 16, 18 et 19 octobre, sur une surface de moins de trois lieues carrées. La lutte, le dernier jour, fut, à la vérité, moins un combat qu’un affreux massacre et une déroute.

Ce fut le 16, vers les neuf heures du matin, à deux lieues et demie au sud de Leipsick, que se firent entendre les premiers coups de canon ; ils partaient d’une batterie de 200 pièces, établie en face du plateau de Wachau, position occupée par le centre de nos troupes. 140,000 soldats, sous les ordres du prince de Schwartzenberg, appuyaient cette artillerie. Les divisions françaises placées sur ce point comptaient à peine 70,000 combattants. Le premier effort des masses ennemies fit d’abord perdre du terrain à nos soldats ; mais bientôt Napoléon accourt, ordonne de nouvelles dispositions, rétablit le combat et chasse les Alliés du plateau. Ceux-ci, grâce à leur supériorité numérique, qui leur permet de remplacer incessamment leurs troupes fatiguées par des troupes fraîches, essayent, à six fois différentes, de reprendre la position ; ils sont repoussés six fois. Enfin, à cinq heures du soir, ils abandonnent la lutte après des pertes énormes, et s’éloignent en couvrant leur retraite par le feu répété de leur nombreuse artillerie. Murat et le prince Poniatowski venaient de contribuer puissamment à ce succès ; l’Empereur récompensa le prince polonais en l’élevant, le soir même, sur le champ de bataille, à la dignité de maréchal. Le village de Wachau, dont la possession avait joué un grand rôle dans les efforts des deux partis, donna son nom à cette première journée.

Pendant que la lutte était ainsi engagée au sud de Leipsick avec Schwartzenberg, Blücher, vers le milieu du jour, avait débouché au nord de la ville avec les 90,000 hommes de l’ar-