Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
— 1793 - 1799 —

bitieux trompés de tous les précédents régimes. Ces nombreux éléments de trouble et d’agitation furent bientôt en travail. Chaque matin, cinquante à soixante journaux provoquaient ouvertement au renversement de la République ; chaque soir, plusieurs théâtres offraient aux applaudissements d’un public passionné des pièces écrites dans un esprit hostile aux nouvelles institutions et au nouveau pouvoir ; dans tous les lieux de réunion publique, on n’entendait circuler que des propos calomnieux ou de grossières plaisanteries contre le Directoire, ses membres et ses ministres.

Les membres de l’agence royaliste de Paris, dupes de ces manifestations, que pourtant ils soldaient en partie, crurent leur triomphe assuré. Ils perdirent toute mesure. L’audace de leur langage et de leurs démarches contraignit le Directoire à sortir enfin de sa tolérance léthargique ; le 31 janvier 1797, il adressa aux deux Conseils législatifs (les Anciens et les Cinq-Cents) un message dans lequel il annonçait la découverte d’une vaste conspiration contre-révolutionnaire, ainsi que l’arrestation des principaux coupables et la saisie de leurs papiers. L’abbé Brottier et ses deux collègues, Duverne de Presles et Lavilleheurnois, figuraient parmi les individus arrêtés. Ces arrestations et ces saisies, simple incident dans la lutte engagée entre la contre-révolution royaliste et le gouvernement républicain, mettaient aux mains du Directoire quelques conspirateurs et quelques correspondances ; mais elles ne lui livraient pas la conspiration. Le danger, pour la République, était ailleurs que dans l’agence et dans ses membres.

Pichegru n’avait point renoncé à ses projets de Restauration royaliste. Nommé, quelques jours après son rappel de l’armée, à l’ambassade de Suède, il avait refusé de quitter la France et s’était rendu à Arbois, sa ville natale, où ne tarda pas à le joindre un des agents les plus actifs de l’émigration. Cet agent lui remit 72,000 livres en or fournies, partie par