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— 1814 —

Russes et Prussiens, composant l’armée du Nord, commandée par Bernadotte, s’avançaient par la Hollande, le bas Rhin et la Belgique ; enfin, les deux armées de Bohême et de Silésie conduites par Schwartzenberg et Blücher, et où l’on voyait, mêlés aux soldats de toutes les puissances du nord de l’Europe, des baskirs accourus du fond de l’Asie, des musulmans appelés des bords de la mer d’Azoff et de la Caspienne, venaient de déboucher sur la haute Meuse et au pied des Vosges, et s’apprêtaient à envahir la Champagne. 400,000 autres soldats s’organisaient ou étaient en marche sur les trois grandes lignes qui, de Vienne, de Varsovie et de Berlin, centres des armements de l’Autriche, de la Russie et de la Prusse, conduisent à la frontière française. Armées actives et réserves, c’était plus d’un million de soldats !

Napoléon, quelque audacieux que fût son génie, n’aurait certes pas entrepris de lutter contre de telles forces, s’il avait dû les combattre toutes à la fois. Mais, comme l’a dit avec justesse un des meilleurs annalistes de l’époque impériale[1], son œil exercé a toisé le géant qui s’avance, et, dans sa colossale structure, il a reconnu quelques parties faibles qui peuvent servir de point de mire à ses coups. Ce n’est que successivement, d’ailleurs, que les différentes armées, les nombreuses colonnes en marche, peuvent arriver sur le véritable théâtre des événements. Soult et Suchet pourront arrêter longtemps Wellington au pied des Pyrénées ; Eugène est assez habile et assez fort pour défendre, durant un mois ou deux, les passages des Alpes ; les premiers commandent à 70,000 hommes ; le second en a 50,000 sous ses ordres. Les troupes françaises sont, à la vérité, beaucoup plus faibles sur la frontière du Nord ; mais elles ont pour elles les canaux, les rivières, les fleuves qui sillonnent la Hollande et la Belgique ; le pays est, en outre, hérissé de places fortes ; Carnot, qui garde Anvers,

  1. Le baron Fain.