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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/24

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— 1793 - 1799 —

faisait enfin la part du temps, part bien faible, à la vérité mais que Pichegru, dans ses commentaires officieux, prenait soin d’amplifier et de grandir. Les élections de l’an V (mai 1797) vinrent augmenter, dans le Corps législatif, les forces de la conspiration ; elle s’y développa et compta bientôt des complices jusque dans le sein du Directoire lui-même. Barras, Rewbell, Laréveillère-Lépeaux, Carnot et Barthélémy étaient alors Directeurs. Carnot, esprit politique peu étendu, savait l’existence de la conjuration, mais il n’en apercevait qu’imparfaitement le but ; mécontent de ses collègues et de la direction qu’ils donnaient aux affaires, scandalisé par les dilapidations qui se commettaient sous ses yeux, et que ses réclamations isolées ne pouvaient empêcher, il acceptait sans répugnance la possibilité d’un changement dans la politique et dans le personnel du gouvernement. Barthélémy était mieux instruit ; les royalistes pouvaient compter sur son concours. Ce double appui, quelque puissant qu’il fût, ne donnait pas le gouvernement. Les trois autres Directeurs, formant la majorité, constituaient par cela seul le pouvoir directorial. Cette majorité ne put être entamée ; ce fut avec elle que la lutte dut s’engager.

Malgré le renfort apporté par les dernières élections, le parti royaliste n’avait cependant pas dans les deux Conseils une supériorité assez décidée pour attaquer résolument le Directoire et l’abattre par un coup de majorité. Ses meneurs songèrent à gagner quelques corps de troupes auxquels on remettrait l’initiative ainsi que l’exécution matérielle du complot ; Pichegru et ses collègues se réservaient le soin de compléter la révolution en la légalisant à coups de décrets. 80.000 livres sterling (2,000,000 de francs) avaient été envoyées par le cabinet de Londres pour faciliter le mouvement ; mais ces fonds furent retenus ou dissipés par les mains auxquelles on les confia. Il fallut attendre de nouvelles ressources. D’un autre côté, à mesure qu’approchait le moment d’agir,