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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/252

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— 1814 —

à deux jours de marche seulement de la capitale de l’Empire. La petite armée française achevait de se reposer à Reims, lorsque la nouvelle de ce mouvement parvint à Napoléon. Trop éloigné pour songer à se placer entre Schwartzenberg et Paris, l’Empereur se décide à se jeter sur les derrières du généralissime autrichien, et à le forcer de suspendre sa marche pour se retourner contre lui. Le 17 mars, au matin, il quitte Reims, arrive le même jour à Épernay, où il apprend que quelques anciens privilégiés, ainsi que nous aurons à le raconter plus loin, ont relevé le drapeau blanc à Bordeaux, et introduit les Anglais dans cette importante place maritime. Le 18, il continue sa marche sur l’Aube, et entre dans Fère-Champenoise, où il passe la nuit. Le 19, Napoléon poursuit son mouvement, franchit l’Aube, dans la journée, à Plancy, traverse ensuite la Seine à Méry, et s’arrête une seconde fois sur la grand’route de Paris à Troyes, au petit hameau de Châtres, où il s’empare de tout un équipage de pont, d’une assez grande quantité de bagages et d’un fort détachement qui rétrogradaient sur la haute Seine. Napoléon interroge les prisonniers ; ils lui annoncent, à sa grande surprise, que, loin d’avoir son avant-garde, comme il le croyait, à quelques lieues seulement de Paris, Schwartzenberg venait de se retirer en toute hâte, dans le plus grand désordre, et de reporter son quartier général à Troyes.

Schwartzenberg, en apprenant la prise de Reims et la mort du général de Saint-Priest, avait, en effet, arrêté immédiatement son avant-garde. La nouvelle de la marche de Napoléon sur Épernay n’avait pas tardé à lui arriver. Effrayé de la pensée d’avoir sur ses derrières ce terrible capitaine devant lequel Blücher et lui-même, malgré le nombre de leurs soldats, n’ont cessé de fuir depuis le commencement de la campagne, le généralissime venait de donner, encore une fois, l’ordre de la retraite. Une sorte de panique s’était mise aussitôt dans toute cette armée. L’emparée d’Autriche ; croyant voir son