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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/328

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— 1814 —

Ménilmontant et Charonne ; quand ce prince, plongeant lui-même ses regards sur la plaine Saint-Denis, aperçut les nouvelles troupes qui noircissaient au loin la campagne, il chargea deux de ses officiers de porter aux maréchaux quelques lignes que, dans une indigne prévision, il avait écrites plus d’une heure auparavant ; et, abandonnant à tous les hasards de la lutte le gouvernement, Paris et ses héroïques défenseurs, il s’élança au galop sur les boulevards extérieurs, et prit la route de Versailles, accompagné de Clarke et de Jérôme.

Dans ce moment, un officier général, accourant à franc étrier, paraît devant le Château-Rouge, et demande Joseph à grands cris. On le lui montre au milieu d’un groupe de cavaliers qui s’enfuyaient, de toute la vitesse de leurs chevaux, dans la direction du bois de Boulogne. Le général s’élance sur les traces des frères de l’Empereur.

On a vu, dans le précédent chapitre, que Napoléon, à quelques lieues au delà de Doulevent, à Doulencourt, avait dépêché son aide de camp, le général Dejean, à Joseph, pour lui annoncer son retour à Paris et lui enjoindre de tenir jusque-là. « Votre Majesté n’a rien de particulier à me prescrire pour la défense de la capitale ? avait dit le général Dejean en quittant l’Empereur. — Non, avait répondu Napoléon, tous mes ordres sont donnés à cet égard. » C’était ce général qui venait d’arriver. Il atteignit Joseph au milieu du bois de Boulogne, et lui rendit compte de sa mission. « Il est trop tard, lui dit Joseph ; je viens d’autoriser les maréchaux à traiter avec l’ennemi. — Mais vous pouvez retirer cet ordre, en suspendre, du moins, l’exécution. Revenez. Vous déclarerez ne consentir qu’à une simple suspension d’armes ; l’essentiel est de gagner la nuit ; l’Empereur sera ici demain matin, ce soir peut-être. — Allez trouver les maréchaux ; dites-leur tout cela ; c’est maintenant leur affaire. — Mais les ordres sont pour Votre Majesté. — Je ne le nie pas. Mais, en cas d’armistice, les Alliés, si je