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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/66

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— 1800 - 1807 —

cocher de fiacre, dans un banquet que donnèrent tous les conducteurs de voitures de place de Paris au cocher qui, le jour de l’événement, conduisait la voiture de Bonaparte, mit enfin sur la voie ; la police suivit la trace ; elle acquit la certitude que les coupables appartenaient au parti royaliste.

L’instruction judiciaire faillit cependant se trouver arrêtée dès les premiers pas : la police croyait avoir obtenu même les noms des auteurs de l’attentat ; mais les juges ne tardèrent pas à se convaincre que ces noms n’étaient que des désignations de fantaisie destinées à égarer les recherches. On n’ignorait pas qu’un chef de chouans fameux, Georges Cadoudal, dirigeait, du fond de sa retraite dans le Morbihan, tous les efforts individuels de son parti ; Fouché eut la pensée d’envoyer directement auprès de lui des agents de bonne maison, que leurs antécédents royalistes introduisirent auprès de ce partisan redoutable, et qui parvinrent à en obtenir les détails les plus précis. Cinq personnes avaient conçu et exécuté l’attentat du 3 nivôse : l’ancien officier de marine Saint-Réjant, et quatre individus éprouvés dans les horreurs des guerres civiles de l’Ouest, Carbon, dit le Petit-François, Picot-Lemoëlan, Coster-Saint-Victor et Joyau. Les trois derniers étaient parvenus à se réfugier en Angleterre ; Carbon et Saint-Rejant, arrêtés sur les indications mêmes de Georges, furent traduits devant le tribunal criminel de la Seine le 1er avril 1801, et exécutés le 21[1].

L’attentat du 3 nivôse était une transformation nouvelle de la lutte des chefs de l’Émigration contre la Révolution. Après les insurrections des provinces de l’Ouest et des principales villes du Midi, étaient venus les soulèvements de gardes nationales et les conjurations au sein des pouvoirs publics ; ces dernières tentatives n’ayant pas eu un meilleur succès que l’in-

  1. Trois mois auparavant, le 9 janvier, Topino-Lebrun, Céracci, Aréna et Demerville avaient comparu devant le même tribunal, qui les condamna à la peine de mort ; ils furent exécutés le 30.